Le gouvernement sur le front du coronavirus

Afin d’éviter l’introduction en Nouvelle-Calédonie du coronavirus Covid-19, identifié en Chine début janvier, le gouvernement a établi un plan d’actions qui porte notamment sur le renforcement du contrôle sanitaire aux frontières. Comme à l’aéroport international de La Tontouta, où tous les voyageurs qui débarquent sont contrôlés et en particulier ceux en provenance de Chine, de Macao, de Hong-Kong et de Singapour.

Quelques minutes avant l’atterrissage d’un avion sur la piste de La Tontouta… Comme chaque jour, depuis le 28 janvier, une équipe se met en place dans la salle de débarquement, en amont des guérites de la police aux frontières. Elle se compose de trois à quatre agents, issus de la direction des Affaires sanitaires (DASS), de l’Agence sanitaire et sociale ou encore de la direction de la Sécurité civile et de la gestion des risques. Munis de gants, de lunettes et de masques, ils s’apprêtent à contrôler les fiches sanitaires* de l’ensemble des passagers qui débarquent sur le sol calédonien.

L’équipe de contrôle sanitaire aux frontières se prépare avant l’arrivée des passagers.

 

Chine, Hong-Kong, Macao et Singapour dans la ligne de mire

À ce jour, 15 075 voyageurs sont ainsi passés par ce contrôle minutieux. Objectif : identifier les voyageurs qui ont séjourné pendant les 30 derniers jours en Chine, à Hong-Kong, à Macao et à Singapour, « c’est-à-dire la zone à risque », précise Stéphane Chabaud, infirmier à la DASS. « Nous écartons systématiquement ces passagers du reste du groupe. » Ils sont conduits dans un bureau pour répondre à un questionnaire détaillé qui doit notamment permettre de dater l’exposition éventuelle à la maladie et le degré de cette exposition. Leur température est relevée, voire leurs constantes, et des symptômes respiratoires sont recherchés.

Depuis le 28 janvier, 86 voyageurs de retour de Chine ont eu à répondre à ce questionnaire complémentaire et à passer un examen de santé.

 

Remplir la fiche de déclaration sanitaire est une obligation légale. Les contrevenants (refus de renseigner le document ou fausse déclaration) s’exposent à des amendes pouvant atteindre 175 000 francs.

En cas d’exposition faible, auto-surveillance au domicile

« Si le voyageur de retour d’une zone à risque ne présente aucun symptôme et que son exposition est évaluée comme faible, nous lui demandons de s’auto-surveiller à son domicile pendant la durée d’incubation de la maladie qui est de quatorze jours. » Un suivi téléphonique quotidien  est alors mis en place par la DASS et le patient se voit remettre un kit comprenant thermomètre, masques, gel hydroalcoolique, ainsi qu’une fiche rappelant les conduites à tenir. « Cette fiche mentionne aussi les coordonnées du médecin d’astreinte de la DASS que le patient devra contacter en priorité en cas d’apparition des symptômes. »

En cas d’exposition modérée ou élevée : quarantaine

« En revanche, si l’exposition est évaluée comme modérée ou élevée, le voyageur doit observer une quarantaine pendant la durée d’incubation », poursuit l’infirmier de la DASS. En clair, éviter tout contact physique avec quiconque : une mesure de précaution essentielle pour empêcher la propagation du virus, qui s’accompagne d’une auto-surveillance, de la délivrance d’un kit et d’un suivi de la DASS.

Depuis le 28 janvier, la quarantaine doit être observée au domicile. Dans les prochains jours, les voyageurs assignés à cette mesure seront accueillis au Centre international sport et expertise (CISE) de Dumbéa (lire l’encadré).

En cas de suspicion : hospitalisation au Médipôle

Dernier scénario possible : la détection d’une personne provenant de Chine et déjà malade à sa descente de l’avion. « En cas de suspicion de la maladie, c’est-à-dire si le voyageur a des symptômes et qu’il a été vraisemblablement exposé au virus, nous le faisons sortir de l’aéroport par une voie non fréquentée par le public. Il est ensuite transféré au Médipôle où des protocoles de prise en charge sont prêts. » Son entourage et les passagers proches de lui dans l’avion sont assignés en quarantaine afin d’endiguer une éventuelle propagation.

Depuis fin janvier, ce scénario a été mis en œuvre une seule fois (lire l’encadré).

* Ces fiches répondent à une procédure habituelle. Remises par les voyageurs lors du contrôle phytosanitaire, elles sont contrôlées par la DASS toute l’année. En raison de l’alerte liée au coronavirus, leur contrôle s’effectue dès l’arrivée des voyageurs, avec une vigilance accrue portée sur les pays qu’ils ont visités au cours des 30 derniers jours et sur leurs coordonnées précises en Nouvelle-Calédonie afin de pouvoir les contacter au besoin. 

 

« Nos masques et gants impressionnent un peu les passagers, constate Stéphane Chabaud, mais ils comprennent ces mesures de contrôle et la plupart les trouve rassurantes. »

 

Un centre de quarantaine établi au CISE

Très prochainement, les voyageurs assignés en quarantaine seront accueillis au Centre international sport et expertise (CISE) de Dumbéa. Cet établissement dédié initialement à l’accueil de sportifs offre en effet toutes les commodités nécessaires en termes d’hébergement et de restauration pour accueillir 80 à 100 personnes. Sa situation géographique, à proximité du Médipôle, facilitera également le suivi médical des personnes accueillies.
Ce centre de quarantaine, placé sous la surveillance sanitaire de la DASS, sera opérationnel dans les prochains jours. La délégation calédonienne de la Croix-Rouge contribuera à son fonctionnement au plan logistique (conciergerie) et offrira un soutien psychologique aux personnes accueillies.

 

Un cas suspect de coronavirus, finalement écarté 

Depuis le renforcement des contrôles sanitaires aux frontières, un cas possible a été identifié avant d’être infirmé. Il s’agissait d’une résidente calédonienne de retour de Chine, fiévreuse à son arrivée à La Tontouta dans la nuit du 6 au 7 février. Écartée des autres passagers par l’équipe en charge des contrôles, cette personne a été hospitalisée dans les meilleurs délais. En parallèle, 14 autres passagers susceptibles d’avoir été en contact avec elle ont été placés en quarantaine à leur domicile.
Des tests de dépistage réalisés sur cette dame, à J+1 et à J+4, et dont les résultats se sont avérés négatifs, ont permis de confirmer que cette personne n’est pas contaminée par le coronavirus. Le 10 février, elle a regagné son domicile et la quarantaine imposée aux 14 passagers a été levée.

 

Toutes les frontières sous surveillance

Face au coronavirus, contagieux et transmissible entre humains, les autorités de nombreux pays ont mis en place des mesures sanitaires de sécurité. À l’image de la Nouvelle-Calédonie qui a défini, début janvier, un plan d’actions dont les premières mesures sont entrées en vigueur  immédiatement. Objectifs : éviter l’introduction du virus sur le territoire et anticiper la prise en charge d’éventuels cas.
Les premières mesures de protection sanitaire aux points d’entrée internationaux (aéroport de La Tontouta et ports maritimes : croisières, minéraliers, etc.) ont été renforcées dès le début du mois de janvier.
Le 28 janvier, elles ont été amplifiées à La Tontouta avec la mise en place systématique d’une équipe de contrôle à l’arrivée des voyageurs.
Le 31 janvier, les mesures concernant les paquebots de croisière ont été durcies. En cas d’identification d’un ou plusieurs cas suspects de coronavirus à bord, les compagnies ne sont en effet plus autorisées à débarquer leurs passagers et membres d’équipages sur le sol calédonien. Pour l’heure, il n’a pas été nécessaire d’appliquer cette mesure.

Des questions sur le coronavirus Covid-19 et les précautions à prendre ?

> Numéro vert 05 02 02.
> De 8 heures à 16 heures 30 (au-delà, laisser un message).

Rappel des faits

Un nouveau virus proche du SRAS (Syndrome respiratoire aigu sévère) a été identifié début janvier dans la ville chinoise de Wuhan, province d’Hubei. Depuis, il s’est répandu et des cas sont apparus en Thaïlande, au Japon, puis en Australie, en France, aux États-Unis... Fin janvier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a décrété l'urgence de santé publique de portée internationale. Le 5 février, la zone considérée comme à risque s’est étendue à toute la Chine (et non plus uniquement la province de Hubei).
Le 11 février, l’OMS a baptisé ce coronavirus "Covid-19".

 

Documents