Le plan ORSEC testé à Tontouta

Un exercice grandeur nature d'organisation des secours, piloté par la direction de la Sécurité et de la gestion des risques (DSCGR), s'est déroulé à l'aéroport international de Nouméa-La Tontouta le 24 avril. Plus de 200 personnes étaient mobilisées.

Mardi matin, aux alentours de 10 h, un ATR72 de la compagnie Air Cagou qui a signalé une panne atterrit en catastrophe sur la piste de La Tontouta. À son bord, 38 passagers et deux membres du personnel. Un accident aérien de ce type, la Nouvelle-Calédonie n'en a encore jamais connu. Toutefois, elle se doit d'éprouver ses moyens de secours et leur organisation en pareille situation. « Cet exercice est organisé dans le cadre de la rédaction du plan ORSEC (pour organisation des secours) général des aéroports de Nouvelle-Calédonie qui est en cours de finalisation, détaille Olivier Ciry de la DSCGR. Ce plan est destiné à faire face à une situation d'accident d'aéronef au sein de l'aérodrome ou à proximité. L'objectif aujourd'hui est de tester sa mise en œuvre sur le terrain, afin d'identifier ce qui marche et les points d'amélioration. C'est un exercice de grande ampleur avec plus de 200 participants ».

Premières urgences

Sur le tarmac, où l'avion accidenté a été matérialisé par un bus, les intervenants commencent à simuler différentes actions. En premier lieu, les pompiers de l'aéroport de La Tontouta préviennent tout risque d'incendie. Les secours entrent ensuite en scène pour prendre en charge les victimes. Il faut préparer l'évacuation des "urgences absolues", tandis que les "urgences relatives" sont orientées vers le poste médical avancé qui vient d'être installé. Les passagers indemnes, en état de choc, sont dirigés, quant à eux, vers un centre d'accueil.

Dans le même temps, l'aéroport a été fermé et les services compétents de l'État ont mis en place un périmètre de sécurité. Toutes les opérations s'effectuent sous l'œil attentif du directeur d'animation, Manon Brasseur, du service de la Planification des risques à la DSCGR. « Mon rôle est de gérer les différentes phases de l'exercice et de veiller à ce qu'elles soient toutes menées. Nous suivons un scénario, mais il peut être ajusté en fonction de la réalité de terrain, car c'est elle qui prime. Je peux également injecter des éléments imprévus pour mettre davantage les acteurs en conditions réelles », explique la jeune femme.   

Gestion de crise et information

L'animation règne aussi au poste de commandement opérationnel qui a été activé. « Le PCO est l'organe de gestion de crise sur le lieu de l'accident, souligne Éric Backès, le directeur de la DSCGR qui a pris la conduite des opérations de secours. En relation permanente avec les autorités, c'est de là que partent les demandes de moyens, en fonction des besoins sur le terrain. Son rôle est aussi de transmettre rapidement l'information la plus  fiable possible concernant la situation ». Des points sont effectués régulièrement, tandis que le bilan des victimes s'affine au fur et à mesure.

En effet, un autre volet important de l'exercice concerne l'information au public avec l'activation d'un numéro Vert pour prendre en charge les appels de la population et l'ouverture d'un centre d'accueil des familles à l'aéroport. Les volontaires qui interprètent les proches des passagers prennent leur rôle très à cœur : cris, pleurs, colère... Aucune situation n'aura été épargnée aux intervenants de l'exercice ! Son directeur, Yannick Kervoelen, qui est aussi chef du service de planification des risques à la DSCGR, commente à chaud : « Tout se déroule comme prévu, mais de façon un peu plus lente peut-être par manque d'habitude de travailler ensemble. C'est aussi l'objectif de cet exercice, d'apprendre à tous les maillons de la chaîne à se coordonner ». 

 

L'exercice aura duré un peu plus de quatre heures.
L'exercice aura duré un peu plus de quatre heures.

 

 

 

Une multiplicité d'acteurs

L’aéroport international de Nouméa-La Tontouta, qui relève de la compétence de l’État,  est placé sous l’autorité de la direction de l’Aviation civile (DAC), tandis que la Chambre de commerce et d’industrie (CCI-NC) en est l'exploitant. Aux côtés de la direction de la Sécurité civile et des la gestion des risques, cet exercice de terrain a également impliqué une compagnie aérienne, la mairie de Païta – en particulier ses sapeurs-pompiers –, les forces armées et de l'ordre, des personnels de l'aéroport, des moyens de secours (SAMU, associations agréées de sécurité civile), la DASS, le SIVAP, la douane et des médias. 

Prochaines étapes

« À l'issue de cet exercice, nous ferons un retour d'expérience qui nous permettra de compléter et d'améliorer le plan ORSEC général des aéroports de Nouvelle-Calédonie. Celui-ci sera ensuite proposé à la validation du président du gouvernement et fera l'objet d'un arrêté », indique Éric Backès, directeur de la DSCGR. Sur cette base, des déclinaisons ont été réalisées pour les six autres aérodromes du territoire. Des exercices de terrain seront probablement réalisés à l'aérodrome de Magenta et de l'île des Pins. Sauf modification importante de l'aéroport (grands travaux ou nette augmentation du trafic), le plan ORSEC doit être ensuite évalué tous les cinq ans.