Le service civique mieux protégé

Le haut-commissaire de la République, Thierry Lataste, le président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, Philippe Germain, et le président de l’Agence du service civique, Yannick Blanc, ont signé ce 21 mars une convention relative au service civique universel. Elle permettra de garantir aux jeunes Calédoniens une couverture sociale identique à celle dont bénéficient tous les engagés et volontaires du service civique sur l’ensemble du territoire national.

Avec cette convention qui met un terme à une mesure transitoire datant de 2011 et garantit aux jeunes Calédoniens la même protection sociale que leurs homologues de Métropole, « les obstacles administratifs sont désormais levés », indique Yannick Blanc, président de l’Agence du service civique, avant de poursuivre : « Le service civique a été conçu comme une alternative au service militaire disparu, il crée de la valeur, répond à des besoins. Lorsqu’on accueille un jeune, on lui fait confiance, il est recruté sur son envie d’agir. Ce dispositif représente un formidable levier d’émancipation, et aussi de réconciliation entre la société et la jeunesse. Il change le regard qu’ont les jeunes sur la société, parce qu’ils découvrent qu’ils y ont une place. Et la société ne considère plus la jeunesse comme un problème, mais bien comme une ressource ».

Près de 400 engagés en 2018

Applicable sur l’ensemble du territoire français depuis 2010, le “Service civique universel de l’État” vise à développer une démarche active citoyenne au service de l’intérêt général et de la collectivité. L’État engage plus de 53 milliards de francs par an pour son financement. En Nouvelle-Calédonie, il a été lancé en juillet 2011. Depuis, plus de 1 000 jeunes, souvent demandeurs d’emploi, en ont bénéficié. Sur la seule année 2018, on compte près de 400 engagés. Le nombre de volontaires en revanche reste faible. L’impulsion quantitative est venue du lancement par la direction de la Sécurité civile et de la gestion des risques (DSCGR) du programme d’auxiliaires de sécurité civile « guetteurs du feu » qui a recruté près de 100 jeunes. D’ailleurs, le haut-commissaire Thierry Lataste suggère « qu’on s’appuie sur la démarche poursuivie par la DSCGR et le succès qu’elle a rencontré pour donner sa pleine mesure au service civique ».  

Outil de prévention contre l’exclusion

Pour Philippe Germain, « ce dispositif qui encourage les valeurs du vivre ensemble, la mixité sociale et l’estime de soi, est aussi, avec notre propre service civique calédonien obligatoire, une des réponses concrètes aux 700 jeunes de 16 à 18 ans qui quittent l’école sans qualification ni diplôme. Il est un outil de prévention contre l’exclusion d’une partie de notre jeunesse puisqu’il ne requiert aucun critère spécifique de recrutement autre que la motivation ». Le président du gouvernement considère que ces missions d’engagement ou de volontariat s’inscrivent parfaitement dans les différents mécanismes mis en place par le gouvernement dans le cadre de sa politique jeunesse : plan stratégique de la pratique sportive et plan Jeunesse.nc, adoptés en 2019, plan territorial de sécurité et de prévention de la délinquance (2018), stratégie emploi et insertion professionnelle (2017), et bien entendu Projet éducatif de la Nouvelle-Calédonie (2016).

Témoignages

Cinq jeunes sont venus témoigner de leur expérience. À l’image de Tristane (debout à gauche), originaire de Bélep, partie un an en Tunisie et qui a travaillé aux côtés de l’Association de sauvegarde des jeux et sports du patrimoine tunisien. « Le service civique m’a permis de devenir plus autonome, j’ai découvert une autre culture et l’indépendance par rapport aux parents, j’ai appris à m’adapter, à combattre mes préjugés, et j’en ai profité pour passer mon permis de conduire, parce que c’est moins cher qu’ici ! » De son côté, Manuélie (en bas à gauche) a terminé en février une mission de six mois pour la  DSCGR, en tant que guetteur feux de forêts, et elle a fait beaucoup de prévention dans les écoles. « Ça fait partie des plus belles expériences que j’ai pu avoir. J’encourage tous les jeunes à s’engager dans le service civique. »

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Deux formules
Le Service civique universel de l’État se décline sous deux formes :

- L’engagement de service civique : de 6 à 12 mois, pour les jeunes de 16 à 25 ans (30 ans en cas de handicap). Accompagnement contractualisé avec une structure à but non lucratif (association, collectivité, établissement public…). De 24 à 32 heures hebdomadaires. Aucune condition de diplôme. Nature des missions : accompagnateur, ambassadeur du sport pour tous, médiateur en milieu scolaire, médiateur de quartier, contre la fracture numérique, agent de prévention contre la dengue, etc. Près de 400 engagés en 2018 en Nouvelle-Calédonie.

- Le volontariat de service civique (anciennement VCAT) : de 6 à 24 mois, pour les jeunes de plus de 25 ans (dérogation entre 18 et 25 ans en outre-mer). Auprès d’une personne morale de droit public, d’une fondation reconnue d’utilité publique, d’une association de droit français. 39 heures par semaine. Compétences techniques demandées. Nature des missions : formateur, géologue junior, assistant pédagogique, assistant chercheur, etc. 26 volontaires seulement de 2011 à 2017 en Nouvelle-Calédonie.