Les vacances contrôlées de près
Pour le gouvernement, « les centres de vacances et de loisirs sont des espaces d’éducation à part entière, complémentaires de l’école et des parents ». La collectivité considère que « la manière dont les enfants et les jeunes mettent à profit leur temps libre est importante pour leur réussite scolaire, l’épanouissement de leur personnalité et leur apprentissage de la vie sociale ». Raison pour laquelle il convient de « prévoir une organisation claire et précise des activités socio-éducatives culturelles et sportives menées sur ce temps libre ».
Concrètement, les CVL sont tenus de rédiger un projet pédagogique, document obligatoire devant être déposé lors de la demande d’habilitation d’un séjour. Il comporte deux volets : la fiche technique du centre qui détaille les conditions matérielles et le fonctionnement de l’accueil, et la démarche pédagogique qui définit ce que les enfants vont faire et apprendre lors de leur séjour.
Un suivi régulier pour améliorer l’accueil
C’est la direction de la Jeunesse et des sports (DJS) de la Nouvelle-Calédonie qui veille au respect de la réglementation relative à la protection des mineurs durant les vacances scolaires et les temps de loisirs. La compétence du gouvernement en matière d’activités socio-éducatives ayant été déléguée aux provinces Nord et Sud via des conventions, la DJS n’intervient qu’aux Loyauté. Elle y assure la réception et l’instruction des déclarations de première ouverture d’un site d’accueil, mais aussi celles des déclarations et des projets pédagogiques des séjours, la délivrance des habilitations (avec leur habilitation, les centres reçoivent une subvention provinciale), ainsi que le contrôle des centres.
C’est ici qu’entre en scène Patricia Issertes, conseillère socio-éducative, unique agent de la DJS à effectuer les visites sur le terrain. Une vingtaine cet été, la totalité des centres organisés sur Lifou, Maré et Ouvéa. Aux Îles, les CVL se déroulent généralement dans les écoles primaires, au sein des maisons communes ou sous les farés dédiés au culte. « Je les contrôle au cours de l’été, mais aussi tout au long de l’année lors des autres vacances scolaires et même à l’occasion des mercredis pédagogiques. Ce qui permet de créer du lien, de garantir un suivi régulier et d’améliorer le niveau d’accueil des enfants. »
Tout est en règle, côté sécurité des enfants
Le contrôle est d’abord administratif : lecture, en compagnie de la directrice ou du directeur, du projet pédagogique ; vérification de divers documents : certificat médical, copie des diplômes, attestation de non-condamnation ou extrait de casier judiciaire de chaque encadrant, fiche d’inscription et fiche sanitaire de liaison de chaque enfant. Patricia inspecte ensuite les locaux – périmètre de sécurité, zones à l’ombre, état de la cuisine, propreté des toilettes… – et s’assure de la conformité du site, de la présence de moyens de secours. « Aux Loyauté, il s’agit de petits regroupements d’une quinzaine d’enfants tout au plus. Parfois, mes interlocuteurs ont un peu de mal à assimiler que certains papiers sont obligatoires, malgré les piqûres de rappel », sourit Patricia. Si les plus anciens se montrent aussi les plus réfractaires, à leur décharge le manque d’ordinateurs et de connexion à Internet ne facilite pas la tâche. Et puis aux Loyauté, la hiérarchie des priorités n’est pas forcément la même que sur le “continent” ! Et les encadrants sont la plupart du temps des mamans au four et au moulin, souvent cantinières, qui ont leur propre vie de famille et s’occupent aussi des autres enfants de la tribu, le temps du CVL. Peut donc mieux faire, au niveau de l’organisation. « Mais en matière de sécurité et d’hygiène, notre priorité, il n’y a aucun souci. »
Pas d'infraction majeure
Les éventuels manquements constatés sont consignés dans le compte rendu que rédige Patricia à l’issue de sa visite, et qui sera suivi d’un « rappel réglementaire » destiné à inciter le responsable du centre à régulariser la situation dans les meilleurs délais. Un courrier officiel qui précédera, si besoin, une « deuxième couche ». En théorie, toute infraction à la réglementation peut faire l’objet d’une sanction administrative allant du simple rappel à la suspension du directeur, des animateurs ou de l’organisateur. Dans les cas extrêmes – mise en danger des enfants, par exemple –, une mesure d’interdiction peut même être prise. Mais rien de tout cela cet été aux Loyauté. Les contrôles se poursuivent, sans stress ni infraction majeure.
CV et CL
Un centre de vacances (CV) est un accueil avec hébergement d’un groupe d’au moins douze enfants ou jeunes de 4 à 18 ans, pour une durée d’au moins quatre nuits consécutives à l’occasion des vacances scolaires et des temps de loisirs. Il peut être fixe ou itinérant, mais ne peut accueillir plus de 100 mineurs.
Un centre de loisirs (CL) est un accueil sans hébergement d’un groupe d’au moins douze enfants ou jeunes de 4 à 18 ans, à l’occasion des vacances scolaires et des temps de loisirs. Il ne peut accueillir plus de 150 mineurs.
Formation à l’animation
Le niveau de formation des directeurs et des animateurs des CVL enregistre une progression constante. Un travail important est effectué en amont par les organismes de formation qui préparent aux diplômes d’État d’animation – BAFA (Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur) et BAFD (Brevet d’aptitude aux fonctions de directeur) – délivrés par la DJS (deux jurys par an). Ils sont au nombre de cinq : les Scouts et Guides de France de Nouvelle-Calédonie, l’Association les Villages de Magenta (ALVM), la Fédération des œuvres laïques (Fol), Ceméa (centre d’entraînement aux méthodes d’éducation active) Pwärä Wäro (Poindimié) et l’Association calédonienne pour l’animation et la formation (Acaf). Ces organismes habilités sont soutenus par la Nouvelle-Calédonie dans le cadre d’une convention et bénéficient d’une subvention annuelle d’un montant total de 15 millions de francs. Les sessions de formation théorique BAFA et BAFD qu’ils dispensent font l’objet de visites régulières de contrôle et d’évaluation assurées par la DJS.
N’oubliez pas de suivre le guide
La DJS a également un rôle d’accompagnement auprès des organisateurs, directeurs et animateurs de CVL, par des informations, des publications, des temps de formation continue, des conseils adaptés. Son Guide 2017-18 des instructions et des recommandations constitue un outil pédagogique indispensable. Il rappelle, sur 33 fiches et environ 140 pages, les « prescriptions techniques et juridiques permettant d’assurer la sécurité, la santé et la moralité des enfants au cours des activités ludiques, récréatives, d’apprentissage et de socialisation proposées durant les CVL et les camps de scoutisme ».
Le rôle des autres directions de la Nouvelle-Calédonie
Au titre de la réglementation des établissements recevant du public (ERP), la direction de la Sécurité civile et de la gestion des risques (DSCGR) vérifie de son côté que les structures d’accueil des CVL respectent les normes de sécurité. Quant à la direction des Affaires vétérinaires, alimentaires et rurales (DAVAR), elle vérifie les conditions de restauration, via son service d'Inspection vétérinaire, alimentaire et phytosanitaire (SIVAP). Les contrôles ont lieu lors de la fabrication ou de la distribution des repas, et portent sur cinq points : le milieu, le matériel, la main-d’œuvre, la matière et la méthode (les 5M).